Photographie et peinture, II
Quand la photographie n'était pas un art...
Une concurrence reniée
Photographie, I
Photographie, III
1. Etat des lieux alarmant
Une histoire de la peinture ne serait complète sans une étude approfondie de la relation qu'elle entretint avec la photographie. A cette époque, l'une et l´autre se toisent et se conjuguent le plus discrètement possible. Les révolutions artistiques qui se multiplièrent au XIXe, faisant se succéder Réalisme, Impressionnisme et Post impressionnisme sont étroitement liées au développement de la photographie, car cette dernière déclencha une crise identitaire de la peinture qui, de fait, perdit en quelques décades son exclusivité à rendre le visuel... Et la peinture fut contrainte à se dépasser.
Cette conférence permettra de visualiser l'impact discret de la photographie sur la peinture entre 1855 et 1885.
2. Acuité photographique ou rétinienne
La visualité des peintres ne pouvait rester plus longtemps insensible aux caractéristiques de l'image photographique. Les caméras de l´époque déforment, elles grossissent les plans rapprochés, aspirent les perspectives, s´aventurent dans des cadrages décentrés, nos peintres aussi… Simple coïncidence ? Portant la vitesse d´ouverture de l´obturateur à 1/500e de seconde, deux hommes, Muybridge et Marey décomposent le mouvements rapide en particulier celui du cheval ; l´instantané était né, l´acuité rétinienne écorchée et l´objectif donnait à voir ce que l´œil ignorait. Degas, Seurat et Rodin, s´y intéressent, l´intègrent ou discriminent, le débat fit rage.
Analyse à partir des clichés de Muybridge, Marey, Nègre, des chevaux de Degas, du Saint Jean-Baptiste de Rodin et Chahut de Seurat.
3. Les premiers maîtres et la photographie : Delacroix, Courbet et Moreau
Nos grands maitres s´en sont souvent cachés, les critiques et leurs proches l´ignoraient le plus souvent. Mais Delacroix disposait d´un studio photo dans son atelier et dessinait à partir des clichés cachés.
La charnalité palpable des nus de Courbet s´approprient l´esthétique de la photographie érotique. Quant à Moreau, il collectionne clichés de médaillons antiques et album photographiques d´architectures indiennes, sans parler du studio installé dans son atelier… Tous la côtoient, la possèdent, la commandent, et sans jamais s´en inspirer ?
Démonstration à partir d´une vingtaine d´œuvres dont L´Odalisque de 1857 de Delacroix, Les Baigneuses, Femme au perroquet de Courbet et la Salomé tatouée de Moreau.
4. Les Impressionnistes et la photographie
On n'ose le dire, on ne veut casser nos mythes… mais les Impressionnistes, peintres d´impressions rapides sur le motif travaillaient eux aussi à partir de photographies. Un peu gênant ? Contradictoire ? Parmi eux Degas bien sûr ; il était même obsédé par la photographie qu'il pratique avec acharnement. Sauf que ouvertement, cet Impressionniste ne peignait que rarement l'impression et encore moins en extérieur. Son recours à la photographie n´est donc en rien choquant. Mais les autres ? Cézanne, Monet et leurs proches ? Nous démontrerons que la photographie, loin d´être un outil honteux est en fait chez ces modernes une extraordinaire source d'interprétation de l'instant.
Démonstration à partir d´une cinquantaine de tableaux de Bazille, Cézanne, Théodore Robinson, et surtout les Cathédrales de Rouen de Monet, et étude comparée de danseuses et photographies de Degas.
Étude iconographique en anglais